(A Paris, le 10 mars 2019) Aujourd’hui, dans certaines régions françaises, des citoyen·ne·s qui viennent en aide à des personnes en détresse sont considérés comme des délinquants par les autorités françaises.

C’est le cas dans plusieurs vallées alpines où celles-ci surveillent, interpellent et poursuivent en justice des hommes et des femmes qui apportent un soutien humanitaire aux personnes exilées qui, malgré le froid, la neige et le manque d’équipement, traversent la frontière franco-italienne au péril de leur vie.

Pourtant, ces citoyens solidaires, « maraudeurs » et « maraudeuses », portent comme ailleurs en France assistance par des gestes simples à ceux et celles qui en ont besoin : donner une couverture de survie, des gants, des chaussures de montagne, une boisson chaude, conduire une personne à l’hôpital ou dans un refuge. Une assistance essentielle qui a le pouvoir de sauver des vies.

Ces « maraudes humanitaires » dans les régions alpines ne sont pourtant pas différentes de celles menées dans nos villes où ces dernières sont soutenues par la société civile et les pouvoirs publics.

Comment comprendre que ces personnes qui font preuve d’humanité dans la région de Briançon puissent être inquiétées et leurs actes criminalisés, alors que leurs actions ont pour objectif d’éviter les blessés et les morts dans nos montagnes ?

Le récent décès de Tamimou Derman, un Togolais mort à 28 ans à la descente du col de Montgenèvre, en France, le 7 février dernier, est l’illustration tragique de ce que nos associations dénoncent depuis plus de deux ans. En poursuivant les personnes migrantes et réfugiées dans les montagnes, en les renvoyant systématiquement en Italie au mépris du droit, en refusant de les prendre en charge, y compris les plus vulnérables et les demandeurs d’asile, les pratiques illégales des autorités françaises portent atteinte aux droits fondamentaux des personnes exilées et les mettent en danger.

Les habitant.e.s des vallées se mobilisent pour venir en aide à ces personnes. Élu·e·s locaux, citoyen·ne·s, personnels hospitaliers s’unissent pour faire du territoire briançonnais une terre d‘accueil. Ce mouvement de solidarité se heurte pourtant à la réaction des pouvoirs publics : refus de dialogue, intimidation, poursuites judiciaires allant jusqu’à des peines de prison, etc.

Le 15 mars prochain, à Montgenèvre, près de Briançon, ce sont des centaines de citoyen·ne·s qui se mobiliseront lors d’une « grande maraude solidaire ». Nos organisations prendront part à cette action symbolique en faveur de la protection de ceux et celles qui œuvrent à la défense des droits des personnes exilées dans les montagnes.

 

Signataires :

Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty International France

Christophe Deltombe, président de La Cimade

Dr. Philippe de Botton, président de Médecins du Monde

Dr. Mego Terzian, président de Médecins Sans Frontières

Véronique Faye, présidente du Secours Catholique-Caritas France

Marie Dorléans, co-présidente de Tous Migrants